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  • Photo du rédacteurÉmilie REDONDO

TOUT S'EST BIEN PASSÉ

Année de sortie : 2021

Durée : 1h38

Genre : Drame

Réalisé par : François OZON

Casting : Sophie MARCEAU, André DUSSOLIER, Géraldine PAILHAS, Charlotte RAMPLING, Grégory GADEBOIS, Éric CARAVACA, Hanna SCHYGULLA, Jacques NOLOT


Synopsis : Suite à un AVC, André demande à sa fille Emmanuelle de "l'aider à en finir". Emmanuelle et sa sœur Pascale se retrouvent confrontées au choix de leur père, impossible à accepter. Comment faire pour elles : essayer de le faire changer d'avis ou l'aider dans sa démarche ?


Bref : François OZON s'attaque une nouvelle fois à une question taboue de notre société actuelle, mais tellement fondamentale. Un film fort et intense, non sans une pointe d'humour.


François OZON est un réalisateur qui aime bien se pencher sur des faits de société. Cette fois-ci, il se penche sur la question de la fin de vie, en adaptant le roman autobiographique d'Emmanuelle BERNHEIM qui raconte comment son père, victime d'un AVC, lui demande de l'aider à mourir.

La question brûlante de la fin de vie est plus que jamais un tabou. Pourtant, c'est un sujet auquel nous sommes de plus en plus confrontés et face auquel notre législation, notre société et nos croyances restent sourdes. C'est pourtant une réalité. Une réalité que la romancière a dû affronter, comme tant d'autres, et dont elle a décidé de témoigner. C'est ce témoignage que François OZON porte à l'écran avec l'évidente intention de lui rendre un vibrant hommage.


C'est un film particulièrement fort et intense : que ce soit du fait du sujet abordé ou de la manière dont il est abordé. Comme dans tous ses films, François OZON reste simple dans son scénario : il ne porte pas de jugement, il expose des faits, des événements, des situations. Il permet à ses acteurs de les raconter et laisse au spectateur la liberté d'en apprécier la portée.


Le réalisateur aime ses acteurs et actrices. Cela se voit dans sa façon de les filmer. Les mouvements de caméra sont fluides et, tout en s'adaptant à la scène et aux mouvements des acteurs, les suit dans leurs évolutions. Les plans séquences ne sont pas trop long et parsemés de travelings qui donnent une impression de légèreté à la scène. Les plans plus serrés accentuent l'émotion et l'intensité du moment. On sent vraiment que le réalisateur est pleinement conscient du sujet et qu'il a la délicatesse de filmer ses acteurs avec une grande pudeur et une grande tendresse.


Pour autant, le thème est traité avec une grande clarté et tous ses aspects y sont évoqués. Le fondement de l'histoire est l'état dans lequel se trouve le père suite à son AVC : diminué, handicapé et dépendant. Cet homme, fier et autoritaire, se voit affaiblit et impuissant face à cette situation qu'il ne peut supporter. Il choisit alors d'en finir dignement et de mourir. Il demande donc à sa fille de l'aider.


Cela pose la question des conséquences de cette situation. Conséquences tout d'abord pour celui qui est victime de cette situation : aujourd'hui les solutions sont dérisoires et les options limitées pour soulager les personnes en souffrance. Comme le dit le personnage d'André : "vivre ce n'est pas survivre". Se pose donc de la question du choix, du droit de choisir et de la dignité de la fin de vie.

Conséquences ensuite pour la famille, les aidants, les proches, les amis et l'entourage de la victime : comment accepter cette situation, comment comprendre et accepter ce choix d'en finir, comment aider en étant en paix avec sa propre conscience ? Quels risques prennent-ils, eux qui vont rester ?


Face à l'absence d'options qu'offre aujourd'hui la France en la matière, il faut se tourner vers l'étranger. C'est ce que nous montre le film : après avoir fait des recherches, Emmanuelle apprend à son père que, pour respecter sa volonté, il lui faudra se rendre en Suisse. Commence alors pour ses filles un vrai parcours du combattant d'abord d'un point de vue administratif, puis d'un point de vue émotionnel, car leur père ne va pas leur faciliter les choses. Cerise sur ce gâteau d'amertume : l'aspect financier. Aller à l'étranger et financer les formalités coûte très cher. Comme le dit André : "mais comment font les pauvres ?". Ce à quoi répond sa fille : "ils attendent pour mourir".


Toutes ces questions sont magistralement traitées dans le film et porté par une distribution particulièrement bluffante. André DUSSOLIER est époustouflant dans le rôle d'André, le père. On devine, grâce aux rares flash-backs que cet homme a toujours été autoritaire, sournois, voire cruel, avec une dent très dure envers les siens. Son AVC n'a fait qu'accentuer ses traits détestables, bien que l'acteur arrive à nous faire entrevoir l'amour qu'il leur porte malgré tout.

Sophie MARCEAU est admirable en grande sœur, forte et protectrice tant avec sa mère qu'avec sa sœur, tentant d'épargner le plus possible cette dernière en prenant sur ses épaules la responsabilité d'organiser la volonté de leur père et en gérant ses accès de colères.

Elle forme avec Géraldine PAILHAS, qui est tout à fait juste dans son rôle, une sororité parfaitement crédible et leur complicité transparaît à l'écran.

Mention particulière pour Charlotte RAMPLING qui incarne formidablement cette mère dépressive atteinte d'une forme de Parkinson, et ce, avec pourtant très peu de dialogue. Sa seule présence à l'écran et son jeu parfaitement maîtrisé suffisent à porter le personnage.


Malgré la gravité du sujet, le film reste "léger". En particulier grâce aux dialogues, qui permettent au spectateur de passer par toute la gamme d'émotions : on s'offusque, on compatit, on verse une larme, on rit, etc. C'est d'ailleurs le personnage d'André, grâce à son interprète, qui nous en offre le plus. Lui seul est en position pour lacer soit le trait d'humour, aussi inattendu qu'efficace, soit la réplique acerbe et tranchante : c'est lui le malade et on ne saurait donc le critiquer.

C'est un film qui fait réfléchir et qui nous met face à cette question et à ses conséquences. Ce qui est certain, c'est que l'on ne ressort pas tout à fait pareil de ce film.


Au final : le film est tellement fort et bien réalisé que l'on ne distingue plus si ce sont les acteurs qui portent le scénario ou le scénario qui porte les acteurs. C'est la marque d'un grand film, un film de société, au message essentiel et puissant, qui a largement mérité ses 12 nominations au Festival de Cannes.

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