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  • Photo du rédacteurÉmilie REDONDO

MURDER PARTY

Dernière mise à jour : 28 mars 2022

Année de sortie : 2022

Durée : 1h43

Genre : Comédie, Policier

Réalisé par : Nicolas PLESKOF

Casting : Alice POL, MIOU MIOU, Eddy MITCHELL, Pablo PAULY, Pascale ARBILLOT, Gustave KERVERN, Sarah STERN, Zabou BREITMAN, Adrien GUIONNET


Synopsis : Jeanne est une brillante architecte qui se rend au manoir de la famille Daguerre pour essayer d'en obtenir le contrat de réhabilitation. Elle découvre qu'elle arrive en pleine Murder Party, tradition du vendredi chez les Daguerre, dont l'empire du jeu de société a fait sa renommée. Les choses tournent court lorsque le patriarche, César Daguerre, est retrouvé assassiné. Commence alors l'enquête pour démasquer le meurtrier. Aucune échappatoire : si on ne joue pas, on meurt.


Bref : Bonne surprise ! Un film choral, aux nombreuses influences, qui offre aux spectateurs un Cluedo assez sympathique !


Pour son premier long métrage, le réalisateur Nicolas PLESKOF nous propose une enquête policière aux ramifications intéressantes et aux références cinématographiques indéniables. C'est en voyant l'affiche que l'on a la première impression de déjà-vu. Une étrange ressemblance avec celle du film À couteaux tirés de Rian JOHNSON sorti en 2019 : film choral, disposition des acteurs similaire, couleur, thème, etc.


Cette impression se confirme au visionnage. Concernant l'histoire : une enquête policière pour résoudre le meurtre du patriarche d'une famille réputée dans son domaine, qui concerne un héros tiers, où se mêlent une galerie de personnages aussi fantasques les uns que les autres et chapeauté par un cerveau criminel. Concernant l'emballage : un décor à l'architecture typé, des costumes stylés et des dialogues percutants.


Les plus cinéphiles trouveront aussi, dans Murder Party, d'autres influences : un manoir baroque qui rappelle celui de Shining (1980), une enquête de type Cluedo (1985) qui se déroule en huit-clos comme dans Huit femmes (2002), avec un peu partout des couleurs vives, marque de fabrique du réalisateur Wes Andersen (The Grand Budapest Hotel_2014).


Et là vous me direz : quel est donc l'intérêt d'aller voir Murder Party ? Eh bien je vous répondrais que même si les influences et les références sont pléthores, le film reste original sur de nombreux points.


La temporalité en est un exemple. Tout le film adopte un style années 1960 : de la méthode de tournage, aux éléments du scénario, en passant par la musique. Le décor du film est impressionnant. Le réalisateur a tourné dans un magnifique manoir baroque, dont chaque pièce a été aménagée pour créer des univers différents et colorés : un boudoir fleurit, une chambre cellule de prison, une suite à placards secrets, etc. Cette inspiration surannée se matérialise aussi avec les véhicules utilisés, comme l'autocar et la voiture décapotable. Les costumes sont tout à fait rétro : robe trapèze au-dessus du genou pour l'héroïne, costume velours et col roulé pour son prétendant, tailleur pantalon pour la belle-mère, etc. On retrouve le style sixties jusque dans les coiffures, comme le chignon haut, de l'héroïne, en est tout à fait représentatif.


Cependant, la monnaie est bien l'euro et l'héroïne se bat pour avoir du réseau avec son téléphone portable. On pourrait crier à l'anachronisme, sauf qu'en réalité, aucun indice temporel n'est donné. Dans le même ordre d'idée, il n'est pas évident de bien se rendre compte du temps dans le film : un tournage en huis-clos, avec très peu d'extérieurs, créé une nébuleuse temporelle. Le réalisateur a donc tout fait pour que l'époque et le temps ne soient plus des points de repères et restent dans le flou tout au long du film.


Le scénario conserve aussi son originalité. Certes, le postulat de départ est semblable à celui du film de Rian JOHNSON, mais ça s'arrête là. Nicolas PLESKOF part dans une autre direction et profite d'un élément spécifique de son scénario pour se distinguer : la famille Daguerre est à la tête de l'empire de jeux de société le plus réputé du pays. Un bon moyen pour associer famille, enquête et jeu. Les protagonistes doivent donc enquêter au sein de cette famille, ce qui a tendance à faire ressortir toutes les névroses accumulées par chacun. Ils doivent trouver l'assassin, qui se cache parmi eux, en jouant à des jeux assez sadiques et pervers, imaginés par l'assassin, afin d'obtenir des indices. Le tout parsemé de nombreux rebondissements… et je m'arrêterais ici, fidèle à ma devise du "No Spoiler".


Côté technique, on retrouve ce mélange d'influences et de genre dans la manière de filmer du réalisateur. Certains effets spéciaux, très visibles, rappellent ceux des années 1960, tout comme certains cadrages, à courte focale, donnent des images aux compositions graphiques décalées. La modernité revient néanmoins au galop dans les mouvements très classique de caméra qui, tantôt, suivent un protagoniste à l'épaule, tantôt survole le petit groupe de suspects d'une certaine hauteur. Même si certains raccords sont un peu bruts, on comprend que ces approximations sont volontaires afin de donner une impression d'urgence et de rythme saccadé.


Les dialogues restent dans le même ton. On oscille entre des remarques sexistes, qui étaient en vogue dans les années 1960, volontairement exagérées pour faire réagir, aux répliques bien cash très XXIᵉ siècle. Les échanges sont enlevés, voire parfois burlesques, avec parfois un côté forcé et sans entrain, qui trouve son explication avec le dénouement du film.


Ces dialogues sont incarnés par une troupe de comédiens parfaitement à l'aise dans cet exercice d'équilibriste. Ils parviennent à garder les spectateurs accrochés, alors qu'ils courent le risque que ces derniers s'arrêtent à ces démonstrations d'exagération. Mention spéciale pour Alice POL qui mène brillamment cette petite troupe, sans pour autant afficher un leadership. Car l'équilibre tient aussi au fait que chaque personnage possède suffisamment d'espace pour s'exprimer, sans que l'un prenne le pas sur les autres.


Le réalisateur a même poussé le détail dans la musique et surtout dans les bruitages. Le vieux manoir est pétri de couinements de porte et de grincements de parquet pour le côté rétro, mais aussi de bruits d'électronique, comme celui d'une déchiqueteuse ou d'une serrure magnétique. Pour parfaire le tout, la musique du film renvoie, tantôt aux sonorités qu'utilisait Alfred HITCHCOCK dans ses thrillers, tantôt aux comédies burlesques. L'art de l'équilibrisme jusqu'au bout du fil.


Au final : Des influences à gogo, un décor sublime, une interprétation juste et une enquête, aux rebondissements inattendus, qui mérite largement que le spectateur aille jusqu'au bout, quitte à se surprendre à y participer. Très bon premier film !

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