À voir sur : VIVA
Attention : Interdit au moins de 12 ans avec avertissement
Année de sortie : 2016
Durée : 2h31
Genre : Drame, romance
Réalisé par : Chan-Wook PARK
Casting : Kim MIN-HEE, Tae-ri KIM, Jung-woo HA, Cho JIN-WOONG, Kim HAE-SOOK, Sori MOON
Synopsis : Recommandée par Le Comte, Sookee se fait engager au service d'Hideko, qui vit cloîtrée dans le manoir de son riche oncle. Qui peut dire ce qui se passe derrière les portes closes ? Car, les intentions de Sookee, comme celles du Comte, ne sont pas franchement louables. Mais est-ce vraiment le cas pour tous ici ?
Bref : Tel est pris qui croyait prendre ! Ce film est une leçon de manipulations et une explication des règles d'un jeu de dupes, dans le Japon des années 30. Dur et psychologique, ce film n'est pas pour les petits joueurs !
Le contexte : Japon, années 30. L'histoire : un escroc qui se cherche une partenaire pour amadouer et prendre dans ses filets, une riche héritière, vivant recluse chez un oncle mystérieux. Des indications contradictoires et troublantes parsemant le film, qui mettent la puce à l'oreille au spectateur. Un cadre idyllique, mais un point de départ peu original. Enfin, de prime abord.
Le cinéma japonais possède cette culture d'emmener le spectateur là où il ne s'y attend pas. Les réalisateurs nippons ont un grand talent pour mélanger les genres : thriller, romance, action, guerre, psychologique, fantastique, horreur, … Le tout sur fond de décors raffinés et enchanteurs, avec une distribution qui sait entretenir l'ambiguïté.
Dans le cas présent, tout cela n'est qu'un euphémisme. Sans vouloir en dévoiler un pouce de kimono, l'histoire dans laquelle nous embarque ce film est loin d'être aussi lisse et prévisible qu'il n'y paraît. Le scénario est si bien construit qu'il laisse des portes ouvertes et des possibilités de chemins de traverses à chaque scène, ce qui fait que le spectateur n'est pas en mesure d'anticiper la suite. À tel point, qu'arriver à un certain moment du film, il vaut mieux se laisser porter, car le réalisateur sait parfaitement où il va.
Cette avalanche de possibilités et d'ouvertures pourrait en faire un film lourd et difficile à suivre. Ce n'est heureusement pas le cas, car cela aurait été du gâchis. Le réalisateur a choisi, dès le départ, sa ligne directrice parmi toutes celles possibles, mais par un savant jeu de détour dans l'histoire, il arrive à ne pas dévoiler ses cartes trop vite. Il sait parfaitement appâter le spectateur, en parsemant tout un tas d'indices et de petits cailloux.
C'est aussi grâce à ses acteurs que le réalisateur a réussi ce tour de force. Tout à fait justes dans leur jeu, et en particulier dans le dosage nécessaire pour jouer la duplicité à plusieurs niveaux, les actrices et acteurs de ce film apportent de la précision dans cette ambivalence permanente.
Mention spéciale pour Kim MIN-HEE qui campe une jeune ingénue tout à fait délicieuse. Son interprétation d'Hideko est remarquable tant elle a l'air innocent et fragile. On soulignera également l'interprétation du reste du casting : Tae-ri KIM et Jung-woo HA en duo d'escrocs aussi roublards que déterminés et enfin Cho JIN-WOONG qui transpire le sadisme sous un fin vernis d'aristocrate bien sous tous rapports.
Le décor a, par ailleurs, une grande importance dans ce film. L'intrigue se situe presque intégralement dans la maison très originale du riche oncle. Cette maison est atypique en ce qu'elle est un mélange d'architecture anglaise et japonaise typique. Elle est importante aussi, car elle représente la symbolique du film : son intérieur est truffé de cachettes et reflète l'ambiance pesante, et presque malsaine, dans laquelle nous plonge le réalisateur.
Ce film repose sur un subtil mélange de genres, mais surtout regroupe tous les ingrédients d'un parfait thriller. Même la bande originale se prête au genre : une alternance entre des petites musiques cinglantes, aux notes stridentes d'un violon, et des harmonies suaves et lyriques, qui donnent aux scènes une atmosphère dérangeante et équivoque.
Le seul bémol est la technique. La prise d'image est assez inégale : certains cadrages sont approximatifs alors que d'autres sont très ingénieux. De la même façon, tantôt les mouvements de caméra sont d'une rare virtuosité, tantôt on se croirait sur un bateau en pleine tempête.
Au final : Même si la technique n'est pas à la hauteur, le film n'en reste pas moins un thriller ébouriffant, dont les rebondissements sont bien amenés, et dont l'épilogue laisse songeur.