Année de sortie : 2009
Durée : 2h25
Genre : Historique, action
Réalisé par : John WOO
Casting : Tony Leung CHIU-WAI, Takeshi KANESHIRO, Zhang FENGYI, Chen CHANG, Wei ZHAO, Hu JUN, Chiling LIN, You YONG, Hou YONG, Tong DAIWEI, Song JIA
Synopsis : Au 3ᵉ siècle après J-C., l'empereur Han Xiandi règne sur une Chine divisée en trois royaumes. Son premier ministre autoproclamé, Cao Cao, le manipule pour faire entrer l'empire en guerre et réunifier les royaumes. Face à cette attaque, les deux royaumes du sud vont s'allier pour résister. Car malgré cette alliance, face à eux, le premier ministre dispose d'une armée de 800 000 hommes et de plus de 2 000 navires. L'affrontement, qui aura lieu principalement à la Falaise rouge, décidera de l'avenir de la Chine.
Bref : Une leçon sur l'art de la guerre magistralement orchestrée par le maître de l'action, John WOO ! In-ra-ta-ble !
Digne héritier des grands péplums, Les 3 Royaumes est un film à grand spectacle qui raconte une épopée dans la Chine antique, où les ambitions d'un homme ont conduit à une grande guerre, pour le pouvoir, la renommée et la conquête d'une femme. Il raconte la bataille légendaire et la plus épique que la Chine ait connu dans son histoire.
Ce film constitue littéralement un manuel de génie militaire, qui explique par le menu les meilleures tactiques et stratégies de défenses, mais aussi d'attaques, avant même la parution du célèbre livre "L'art de la guerre". Le scénario est construit de façon aussi ingénieuse que les stratégies utilisées par les généraux, car l'issue du conflit reste incertaine jusqu'à la fin du film (en tout cas, pour ceux qui ne connaissent pas cette histoire).
La prouesse du film est la mise en pratique de ces tactiques militaires, ou comment prendre l'avantage alors que l'on est moins armés et moins nombreux. Que ce soient les positions des troupes, les tactiques de guerre psychologique ou bactériologique, l'importance de la météo, l'art de la négociation et de la diversion, …, ce film nous montre que ce qui était vrai il y a presque 2 000 ans est toujours valable aujourd'hui.
Le film ne se résume pas seulement à une suite de démonstrations militaires. Il aborde également des thèmes liés à la Chine et à sa culture : le savoir et sa transmission, la valeur des hommes, la dignité et la bravoure, le respect et l'honneur, la place et le rôle des femmes, l'intelligence née du travail d'équipe face à l'ambition démesurée d'un seul, ou encore l'importance de la terre natale et la puissance de Mère Nature.
John WOO avait ce scénario dans ses tiroirs depuis près de 20 ans. Faute d'une technique adaptée, il lui a fallu attendre longtemps pour pouvoir porter ce récit historique à l'écran et bénéficier de toutes les techniques modernes à sa disposition pour mener à bien son projet.
Il nous offre, ainsi, un spectacle d'une très grande qualité avec une technique filmique parfaitement maîtrisée. Le réalisateur équilibre parfaitement l'image à l'action : des plans serrés pour marquer l'intensité, aux plans larges à panoramiques pour mieux profiter des batailles, en passant par de magnifiques plans séquence (notamment celui suivant le vol de la colombe) qui nous font littéralement voyager à travers les paysages majestueux de la Chine.
Pas dénué de quelques faux raccords, le film est pourtant très prenant, grâce à une alternance proportionnée dans ses rythmes : d'un calme propice à la réflexion stratégique, à un rythme plus soutenu lors des batailles. Le montage est particulièrement réussi et suit les mouvements et l'action au plus près, sans pour autant sacrifier un seul pixel d'image. D'ailleurs, la lumière et la photographie rendent admirablement justice aux paysages, et mettent subtilement en valeur les décors et les costumes soignés.
Que ce soit le nombre impressionnant de figurants, la logistique ahurissante, le nombre pharamineux de costumes, les machines militaires d'époques, aux plus petits accessoires, etc., le film peut être qualifié de grandiose. Il supporte, sans avoir à rougir, la comparaison avec les grands films péplum d'hier, comme Cléopâtre ou Ben-Hur.
Le film est également porté par une distribution tout à fait juste dans leurs rôles : ils intègrent parfaitement les codes de cette époque. Chacun apportant une touche spéciale à son personnage : on peut lire la malice et l'ingéniosité dans le regard de Kong-Ming (Takeshi KANESHIRO), on sent la force tranquille et l'assurance du vice-roi Zhou Yu (Tony Leung CHIU-WAI), la soif de pouvoir, l'ambition et l'agressivité latente transparaissent dans l'attitude du premier ministre Cao Cao (Zhang FENGYI), et que dire du contraste entre la douceur rassurante de Xiao Qiao (Chiling LIN) face à l'impétuosité naïve de la princesse Sun Shangxiang (Wei ZHAO). Le reste du casting assure la pléiade de généraux et autres conseillers, tous engagés dans une danse rythmée par la cadence du pas des soldats.
Au clavier, John WOO retrouve Tarô IWASHIRO, avec qui il a déjà collaboré sur son film The Crossing. La musique que le compositeur livre ici n'est pas qu'un savant mélange de musique traditionnelle chinoise. Utilisée comme outil de négociation dans l'histoire, comme lien entre les scènes, ou comme vecteur d'émotion, la musique est au cœur du film. Elle reflète exactement l'atmosphère de chaque scène : parfois douce et fluide, mystérieuse et énigmatique, ou encore héroïque et conquérante.
Au final : Un film épique, que je place au panthéon des grands films historiques ! Une remarquable vitrine sur l'histoire chinoise, mais au-delà de ça, un chef-d'œuvre cinématographique !