LE CHÂTEAU AMBULANT

Attention : à ne pas faire voir à un public trop jeune ! À partir de 10 ans.

Année de sortie : 2004

Durée : 1h59

Genre : Film d'animation, fantastique

Réalisé par : Hayao MIYAZAKI

Casting (voix françaises) : Rémi BICHET, Laura PREJEAN, Frédérique CANTREL, Simon KOUKISSA, Marc MORGAN, Catherine SOLA, Manoëlle GAILLARD, Anneliese FROMONT

Synopsis : Sophie n'a que 18 ans, mais est déjà résignée à poursuivre son travail dans la chapellerie de son père disparu. Lors d'une visite à sa sœur, elle rencontre Hauru, le beau magicien. Jalouse, la sorcière des Landes jette un sort à Sophie. Devenue une vielle femme en apparence, Sophie doit quitter la chapellerie. Dans sa fuite, elle croise le château ambulant, la résidence d'Hauru. Commence alors une aventure faite de dangers et de magie.

Bref : L'un des plus beaux contes de l'animation japonaise, mis en scène par le grand Hayao MIYAZAKI. Une pure merveille !

On connait tous les dessins animés produits par les studios Disney. Ceux qui ont un appétit plus poussé pour l'animation en général sont également amateurs de films d'animation japonaise. Le studio GHIBLI, fondé en 1985, est LE concurrent direct du géant américain, emmené par ses co-fondateurs, Isao TAKAHATA et Hayao MIYAZAKI.

Hayao MIYAZAKI est l'auteur génial des plus grands succès du studio nippon et a formé, au cours de sa carrière, de nombreux talents qui ont pris la relève lorsqu'il a décidé de prendre sa retraite, même si le maître n'est jamais bien loin.

Tous les connaisseurs des films du studio GHIBLI ont leur film fétiche. En ce qui me concerne, c'est "Le Château Ambulant". Certes moins connu que Le voyage de Chihiro ou Princesse Mononoké, Le Château Ambulant est peut-être le film le plus complexe réalisé par le studio nippon.

Adapté du roman de Diana WYNNE, Le Château de Hurie, ce conte suit les aventures d'une jeune femme dont la vie va être bouleversée après qu'une méchante sorcière lui ait jeté un sort, la faisant paraître telle une vieille femme. Obligée de quitter la chapellerie de feu son père, elle va errer dans la lande, pour finalement tomber par hasard sur le "château" ambulant du sorcier Hauru. Mais est-ce vraiment le hasard ou le destin à l'œuvre ?

Les histoires qu'Hayao MIYAZAKI choisi de nous raconter, comportent toujours des messages forts. Que ce soit la sauvegarde de la planète, le courage d'affronter l'adversité, la quête de l'identité, la force de se raccrocher à ce qui est juste, l'inutilité et la barbarie des guerres, la futilité de la vanité, accepter et apprendre de la différence… chaque film nous amène à nous questionner.

Comme dans chaque film du réalisateur, Le Château Ambulant, est construit sur une dualité de thèmes qui se confrontent : la guerre face à la vie, l'intérêt personnel face à l'intérêt général, le courage face à la peur, le pouvoir face à l'altruisme, etc. Ce conte, qui reprend aussi certains codes spécifiques aux contes de fées, nous parle de thèmes autant personnels qu'universels, mais il nous emmène surtout dans un monde aussi magique que merveilleux.

C'est une caractéristique fondamentale du travail et des réalisations d'Hayao MIYAZAKI : les mondes, dans lesquels il emmène les spectateurs, sont toujours particulièrement beaux, et cela, grâce aux dessins et à la mise en animation.

Ce qui suppose un long travail de fond, notamment sur les "layouts". Ces pages sont primordiales, car ce sont celles sur lesquelles sont dessinées chaque image et chaque scène avec les indications de mouvement pour le travail d'animation. Le travail de dessin est donc inextricablement imbriqué au travail d'animation, les deux devant être parfaitement coordonnés pour obtenir un résultat tout en fluidité.

Dans le cas du film, Le Château Ambulant, le dessin est particulièrement complexe et fourmille de détails, ce qui a demandé un travail titanesque. Le réalisateur a particulièrement soigné le décor et les paysages. C'est ce qui rend l'imaginaire de ce film aussi crédible et, parallèlement, aussi réaliste. Le travail d'animation a dû aussi être d'une très grande précision, notamment sur le personnage principal de Sophie, qui subit les variations de puissance du sortilège jeté par la sorcière.

Il est très facile d'entrer dans ce monde. Pourtant, c'est un monde en guerre : deux camps qui ont, entre autres, recours à des magiciens, sorcières et sorciers. Car c'est aussi un monde où la magie existe et où les magiciens sont respectés et parfois même craints. C'est un monde où il faut se méfier des apparences : la magie transforme les gens, les lieux et influe sur les événements.

Les villes ont une architecture classique de la fin du XIXᵉ siècle et les intérieurs ont un décor, très bourgeois, qui rappelle également cette période. Les costumes des personnages sont paradoxalement assez simples. Et que dire du fameux château … et bien pas grand-chose, car je ne veux pas trop en dévoiler : je préfère vous laisser apprécier son design et découvrir tous ses secrets.

Comme tous les contes, on en retrouve ici beaucoup de composantes : une héroïne courageuse, un "chevalier servant", une méchante sorcière, les soutiens de l'héroïne, des épreuves à surmonter, etc. Bien sûr, rien n'est tout noir ou tout blanc : les nuances et les subtilités sont nombreuses. C'est encore un récit d'un grand romantisme, où se mêlent la tragédie, l'aventure, des sortilèges et quelques notes d'humour.

Les voix françaises sont très bien calées au dessin et s'adaptent aux différentes évolutions des personnages. Le thème musical du film est à la fois triste et enlevé et cadre parfaitement avec le conte. Le reste de la musique du film est un doux mélange entre un lyrisme tragique et des harmonies légères et délicates, toujours empruntes de romantisme.

Au final : ce film est une petite merveille d'animation japonaise, dont l'histoire, d'une grande poésie, embarque le spectateur dans un monde d'aventures féériques. À ne pas rater !