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  • Photo du rédacteurÉmilie REDONDO

L'ORIGINE DU MONDE

Année de sortie : 2021

Durée : 1h38

Genre : Comédie

Réalisé par : Laurent LAFITTE

Casting : Karin VIAR, Laurent LAFITTE, Vincent MACAIGNE, Hélène VINCENT, Nicole GARCIA


Synopsis : Marié depuis plus de 10 ans, Jean-Louis s'encroûte dans sa vie qui n'a plus grand sens pour lui. Il se rend compte, un jour, que son cœur a cessé de battre. Pourtant, il est bien vivant. Il fait appel à son ami Michel, vétérinaire de son état, pour lui venir en aide. Il ira même consulter, à contre-cœur, le gourou de sa femme Valérie qui lui proposera une solution qui sera loin de lui plaire, car elle n'a rien d'orthodoxe.


Bref : Ça ressemble à une comédie, ça a l'air d'une comédie, mais ce n'est pas drôle… À voir, mais par un après-midi de pluie à la télé, s'il n'y a rien d'autre…


Déçue. Dépitée. Désappointée. C'est tout ce qui m'est venu à la sortie de la séance.

Emballée par la bande-annonce, intriguée par l'interview du réalisateur/acteur dans une émission télévisée, je suis allée voir ce film, pensant passer un bon moment de rigolade. Eh bien, j'ai vite déchanté.


Laurent LAFITTE présente son premier film en tant que réalisateur, qui est une adaptation de la pièce de théâtre du même nom, qui renvoi au célèbre tableau de Gustave COURBET, également du même nom.


Comme je l'ai dit dans d'autres articles, je ne suis pas du genre à spoiler, mais là, il me faut en dévoiler un peu pour que mon propos soit compris. Le point névralgique du film est que Jean-Louis (le héros) cherche à comprendre pourquoi son cœur s'est arrêté, alors qu'il respire, parle et bouge, et comment le faire revenir à la normale. Michel (son ami vétérinaire) prône la solution de l'hôpital. Valérie (sa femme), elle, l'emmène voir son gourou qui lui explique que sa situation a un rapport avec sa mère, et sa venue au monde, et que pour l'aider, il faut qu'elle voie "l'endroit par lequel il est venu au monde". Tout le film s'articule donc sur la manière dont Jean-Louis va pouvoir faire une photo du sexe de sa mère. Incapable de s'y résoudre, il demande à Michel de le faire pour lui.


Le pitch du film dispose donc d'un potentiel comique assez étendu. Mais voilà, en résumé : ça ne fonctionne pas. N'importe quel humoriste vous dira que la comédie et le rire sont une question de rythme. Il doit y avoir une parfaite synchronicité entre la scène, le dialogue et le jeu de l'acteur. Ici, ce n'est pas le cas. Il y a un décalage constant entre ces trois paramètres.


Tout d'abord il faut signaler un problème de rythme dans les scènes, qui provient essentiellement d'un parti pris technique dans le choix des prises de vue.

Ce qui m'a frappée, c'est que, d'un côté, certaines scènes traînent en longueur, comme celle où Jean-Louis et Valérie laissent Brigitte (la mère de Jean-Louis) et Michel seuls dans le salon de celle-ci. La scène s'allonge dans un plan large fixe où un silence s'installe, pesant et gênant. Les dialogues réduits au minimum perdent de leur spontanéité et donc le comique de cette situation tombe à plat. Un champ/contre-champ aurait très certainement donné plus de pep's à la scène.


D'un autre côté, il manque littéralement des plans de liaison dans le film. Un exemple : au début du film Jean-Louis, Valérie et Michel, se retrouve dans la chambre du couple. S’ensuit un plan sur Valérie qui s'installe sur le lit avec un livre. Un plan où Jean-Louis et Michel sont debout, au bout du lit. Puis un plan où Valérie est debout à côté de Jean-Louis. Question : comment Valérie a pu, en moins d'1/10 de seconde, passer d'une position allongée sur le lit à une position debout collée à son mari ?


Tous ces plans très courts, qui permettent de lier les scènes et les actions des acteurs, sont importants. Ils rythment le dérouler de la scène. Or ici, il apparaît que Laurent LAFITTE en ait fait l'économie lors de son montage. Cela crée également des faux raccords, comme l'exemple que j'ai cité, et dont je suis persuadée que les célèbres Miche et Michel ne manqueront pas de relever le nombre dans une de leur prochaine émission (Faux Raccords sur Allociné).

À l'opposé, les scènes trop longues, en format plan séquence, alourdissent l'ambiance. En faisant cela, le réalisateur a perdu le rythme de la comédie. Et derrière, tous les dominos tombent…


Car, ensuite, cela a un impact sur le jeu des acteurs qui finissent par beaucoup trop surjouer. Certes, c'est un thème comique, cocasse, burlesque, et j'en passe. En faire des caisses aurait pu passer, si le montage avait été bien fait. Mais comme le montage a tronqué, alourdi et décalé le rythme, le surjeu des acteurs ne passe plus. Que ce soit Laurent LAFITTE lui-même, Karin VIAR ou Vincent MACAIGNE, ils en font 100 fois trop.


Karin VIAR (actrice que j'aime beaucoup par ailleurs), nous propose une Valérie à la fois agaçante et embarrassante. Vincent MACAIGNE nous offre une prestation du rôle de benêt, que l'on aurait pu comparer à celui que jouait Jacques VILLERET dans Le dîner de cons, s'il avait été drôle. Mais là, il n'est pas drôle, il est consternant, notamment dans la scène où il boit l'anesthésique pour cheval, destinée à Brigitte, pour voir si ça avait un goût particulier. Quant à Laurent LAFITTE, on a la forte impression qu'il s'éparpille dans tous les sens, peut-être du fait de sa double casquette acteur/réalisateur.

Les seules qui arrivent à rester justes dans leurs interprétations sont Hélène VINCENT, parfaite dans le rôle de la mère outrée et offusquée, et Nicole GARCIA, en gourou mystique et totalement perchée.


Le décalage est perceptible jusque dans les comiques de situation et dans les dialogues. On sent bien que ça pourrait être drôle. Certains dialogues sont percutants et incisifs, le comique de répétition est plusieurs fois tenté et certaines scènes pourraient faire hurler de rire. Mais le rire ne vient pas.

Le héros et ses acolytes s'enferrent dans le mensonge, ce qui pourrait faire rire, mais cela tourne plutôt au ridicule gênant.


La seule réussite du film est d'être arrivé à parler d'un sujet tabou sans trop de vulgarité.


Au final : La pièce de théâtre, est peut-être drôle, mais le film ne l'est pas et n'arrive donc pas à embarquer le spectateur dans son délire. Les seuls moments un tant soit peu drôles sont dans la bande-annonce. Le décalage sur les différents niveaux de lecture du film casse la comédie. On rit très peu et on s'agace beaucoup.

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