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  • Photo du rédacteurÉmilie REDONDO

KOMPROMAT

Année de sortie : 2022

Durée : 2h07

Genre : Thriller, drame

Réalisé par : Jérôme SALLE

Casting : Gilles LELLOUCHE, Joanna KULIG, Louis-Do de LENCQUESAING, Judith HENRY, Elisa LASOWSKI, Michael GOR, Aleksey GORBUNOV, Danila VOROBYEV, Igor JIJIKINE


Synopsis : Mathieu Roussel est directeur de l'Alliance Française implanté à Irkoutsk, en Sibérie. Victime d'un Kompromat, un dossier constitué de faux documents utilisés par les services secrets russes pour nuire à un individu, Mathieu est arrêté, accusé de pédophilie, et menacé d'une peine de travaux forcés. Face à cette situation, une seule option reste envisageable : la fuite.


Bref : Une histoire avec un grand potentiel qui aboutit sur un film qui ne tient malheureusement pas ses promesses.


Librement inspiré de l'histoire de Yoan BARBEREAU, qui a relaté son expérience dans son livre Dans les geôles de Sibérie, Kompromat propose un scénario original dont le potentiel se sent dès la bande-annonce. En plus d'un lien flagrant avec l'actualité, c'est le casting, porté par l'excellent Gilles LELLOUCHE, qui apporte un sérieux argument pour aller voir ce film en salle.


Cependant, à peine installé dans son fauteuil, le spectateur va vite déchanter. Car, même si le scénario offre d'énormes possibilités de ressorts dramatiques et de rebondissements, Jérôme SALLE, le réalisateur, ne les exploite malheureusement pas à fond.

Malgré tout, le film commence bien avec la mise ne place de l'histoire et des personnages. Pourtant, rapidement s'enchaînent les incohérences à tous les niveaux et l'on se rend compte que chercher à faire simple et se focaliser sur le personnage principal n'est pas forcément suffisant pour faire un bon film d'espionnage ou un bon thriller.


D'abord des incohérences techniques dans la mesure où Jérôme SALLE n'a pas jugé utile d'opter pour une technique recherchée pour son film. Dommage. Dommage, en effet, de ne pas avoir mis les moyens de faire des images plus nettes et des cadrages plus audacieux pour relever la pauvreté du montage qui, par son manque de rythme, met en exergue les incohérences du scénario, celles des comportements des personnages et la présence de sérieux faux raccord (ex : des agents spetsnaz qui poursuivent le héros et se retrouvent miraculeusement devant lui à deux reprises).


L'interprétation, grave et imprégnée, de Gilles LELLOUCHE, qui porte le film sur ses seules épaules, n'arrive pas à les compenser. La qualité de l'interprétation de l'acteur n'est pourtant pas à remettre en question. En revanche, le comportement de son personnage, que le scénario et le réalisateur lui impose, l'est sans nul doute.

Pêlemêle : un héros en fuite, dont le visage a été diffusé aux informations, va tranquillement faire ses courses dans une station-service et se fait, bien sûr, dénoncer ; pendant sa fuite, le héros décide, ensuite, de loger chez l'habitant, au risque de se faire reconnaître (ce qui ne manque pas d'arriver) ; le héros, toujours, qui utilise un téléphone portable pour ses recherches et pour communiquer avec sa complice (à l'air de la géolocalisation) ; le héros, enfin, qui prend (perd, devrais-je dire) le temps de fricoter avec sa complice plutôt que de poursuivre sa course vers la liberté et conserver son avance sur ses poursuivants ; etc.


Autant de comportements idiots ou de réactions étranges, voire absurdes, qui défient le bon sens le plus élémentaire et l'instinct de survie (le plus ancré chez l'homme) et qui font se tortiller les spectateurs sur leurs fauteuils.

Certes, n'importe quel civil (donc pas un espion professionnel) pris dans un tel engrenage aurait moins bien fait face que le héros, mais les deux ou trois rebondissements qu'ils entraînent et qui parsèment le film, ne parviennent pas à dissiper ce sentiment. Cela donne une image naïve au héros, dont l'aveuglement ne se limite pas à sa situation dans ce pays. C'est, d'ailleurs et paradoxalement, pour cela que l'on reste jusqu'à la fin du film : pour voir s'il s'en sortira ou pas.


Ce film est exaspérant non seulement à cause du gâchis fait avec le formidable potentiel du scénario, bourré d'incohérences, mais aussi du résultat clairement pas à la hauteur de l'image.

A cela s'ajoute une bande originale presque inexistante. Encore un raté, car une bonne musique aurait pu relever les scènes de faible intérêt, les moments de pause narrative ou stimuler les quelques scènes d'action.


L'action principale du film a néanmoins le mérite de mettre en lumière d'autres éléments dans son sillage. D'un côté, plutôt positif, Kompromat présente le fonctionnement du régime russe, tel qu'on se le représente, avec assez de détails pour alerter le spectateur et le renvoyer à l'actualité. D'un autre, plutôt négatif, il présente les représentants de l'ambassade française, donc l'État français, comme faibles, sans ressources et démunis, et pas franchement enclins à défendre ses ressortissants face au bulldozer de l'État russe. L'image de la diplomatie française à l'étranger est donc largement écornée.


Certes, Kompromat est un film, une œuvre de fiction, mais qui revendique son inspiration de fait réels. On se demande donc sur quels fondements et quels niveaux de recherche ont pu être effectuées pour écrire ce scénario. Le sujet et la prétention affichée étant suffisamment graves pour que l'on soit en droit d'espérer un meilleur niveau de réalisme dans son traitement.


Au final : Une histoire d'espionnage, qui aurait pu concurrencer le cinéma américain, champion sur ce thème, mais qui échoue par manque d'ambition et de moyens. Vraiment dommage !

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