DRAGON (2025)

Année de sortie : 2025

Durée : 2h05

Genre : Fantastique, aventure, action, comédie, drame

Réalisé par : Dean DEBLOIS

Casting : Mason THAMES, Gerard BUTLER, Nico PARKER, Nick FROST, Gabriel HOWELL, Julian DENNISON, Bronwyn JAMES, Harry TREVALDWYN,

Synopsis : Le quotidien de tous les vikings de l'île de Beurk est d'affronter des hordes de dragons qui viennent leur dérober leur nourriture et détruire leur village. Tous les vikings ? Non. Harold, un jeune viking malingre et gauche, mais inventeur de génie, défie des siècles de tradition en épargnant l'un des dragons les plus rares qu'il a capturé et en devenant son ami. Cette association improbable va bouleverser les croyances des vikings sur les dragons et faire exploser les limites de leurs mondes respectifs.

Bref : Assez réussi en surface, même s'il ne peut éviter les écueils inhérents au genre du "live action".

Et nous revoilà repartis, pour la troisième fois en un trimestre, devant une nouvelle adaptation "live action", ces soi-disant films en prises de vue réelles, mode lancée par le Studio DISNEY, qui a fini par contaminer son principal concurrent, le studio DREAMWORKS.

Probablement alléché par la manne financière, sous réserve d'un succès raisonnable en salle, que peut représenter le box-office et le merchandising (surtout vu les publicités projetées avant le film, ciblant directement le porte-monnaie des parents des jeunes têtes blondes), DREAMWORKS a décidé de s'y mettre en s'attaquant à l'un de ses fleurons : la saga DRAGON.

Tout à fait conscient de resservir ni plus ni moins que du réchauffé à un public peu regardant, le studio aux grandes oreilles a eu au moins le mérite d'essuyer les plâtres et de mettre en lumière les pièges à éviter, ayant eu plus ou moins de succès avec ses différentes tentatives dans le genre. On pouvait donc espérer que son concurrent le plus sérieux en tirerait les leçons en corrigeant les défauts les plus prévisibles, et cela semblait plutôt bien parti.

Dragon, version 2025, est peu ou prou un copier-coller de l'animé (tout comme Le Roi Lion). Le spectateur n'est donc pas perdu devant le film qui retrace fidèlement l'histoire, ses intrigues, ses personnages et ses lieux emblématiques. Certaines scènes, courtes et peu nombreuses, ont été ajoutées, afin de maintenir la cohérence scénaristique qu'implique la transposition en prises de vue réelles, sans que cela n'affecte globalement l'histoire.

On retrouve les personnages principaux, incarnés par un casting qui fait le job, les prises de vue des panoramas (tournées en Irlande) sont assez léchées avec une bonne photographie et les décors et costumes sont convaincants. L'utilisation de la musique originale et ses bruitages participent à replonger le spectateur dans l'ambiance de l'animé, qui arrive malgré tout (cf. ci-dessous) à vous tirer une larmichette à la fin.

Le plus important : les dragons. Ils sont le résultat d'un mélange d'effets visuels, d'effets spéciaux et de marionnettes, ce qui offre un résultat plus réaliste, notamment dans les interactions avec les acteurs. Les textures sont assez bien travaillées et donnent un rendu presque réaliste.

Voilà pour les points positifs, ceux auxquels le fameux public peu regardant (principalement les jeunes et les très jeunes) va rester accroché, évitant soigneusement de voir ce qui cloche. Parce que oui, il y a plusieurs points qui clochent.

On se demande bien, d'abord, quel est l'intérêt d'avoir ajouté à l'histoire des personnages secondaires venant de tribus de la route de la soie. Derrière une volonté probable d'inclusivité, le réalisateur a sacrifié à la réalité historique et à la cohérence dans la tradition séculaire, fondement de l'organisation sociale Viking. D'ailleurs, ces ajouts semblent parachutés comme des cheveux sur la soupe, sans très bien savoir ce qu'ils font là, mais surtout, ils n'apportent rien à l'histoire. Même si cela reste anecdotique, cela en fera tiquer plus d'un.

Que dire aussi des jeunes héros ? Avec la prise de vue réelle, on perd tout le salé/sucré/acidulé, bref toute la palette d'émotions que les personnages animés pouvaient véhiculer, laissant le spectateur face à des ersatz qui ne sont que de pâles (même pas des copies) représentations de leurs avatars animés (sauf une mention spéciale à Gérard BUTLER, qui campe un Stoïk plus vrai que nature).

Cette perte dans l'exubérance de leurs traits de caractère entraine une certaine mise à distance lors du visionnage. C'est aussi sans compter sur les dialogues qui cherchent à retrouver les traits d'humour, sans y parvenir, ou des problèmes de doublage qui viennent gâcher une scène.

Un détachement qui perdure jusque dans les scènes les plus intéressantes : celle des vols à dos de dragons. Le réalisateur a indiqué s'être inspiré de TOP GUN pour recréer ces scènes. Cependant, des effets spéciaux plus qu'approximatifs ont pour effet de brouiller le visuel, ce qui en gâche la portée. C'est aussi sans compter les fautes de raccords entre les effets spéciaux et l'effet attendu sur les acteurs (pas de cheveux au vent lors d'un vol à dos de dragon ?). Plus de frisson ou de sensation de liberté, juste un léger mal au cœur. D'ailleurs, si la photographie est assez bonne dans les panoramas, celle des scènes de nuit est catastrophique, or, elles représentent une bonne partie du film.

Enfin, les mêmes reproches fait aux remakes du studio DISNEY, s'appliquent ici aussi. Faire un copier-coller : quel est l'intérêt ? Jamais la prise de vue réelle ne pourra faire mieux que l'animé, parce que justement, c'est de l'animé ! La liberté créatrice du film d'animation trouvera toujours des limites techniques et humaines dans le réel. Car, ici aussi, peut-on vraiment parler de "live action" quand les effets spéciaux et le CGI, pour "computer-generated imagery" (images générées par ordinateurs), représentent les trois quarts du film ?

Alors pourquoi s'acharner à faire du neuf avec du vieux et continuer de prendre littéralement les spectateurs pour des quiches ? Manque cruel de créativité, cynisme motivé par le seul appât du gain (encore une fois, si tant est que le succès soit au rendez-vous) face à la naïveté des spectateurs, obligation faussement impérieuse d'imiter la concurrence, et donc prouver que l'on ne vaut pas mieux…Choisissez votre poison !

Cela amène au triste constat que ces firmes, géants dans leurs domaines, sont en panne d'idées nouvelles et peine à se renouveler. Néanmoins, c'est plus sur le spectateur qu'il faut s'apitoyer, car c'est lui qui en est la première victime (ou pigeon peut-être ?).

Au final : Quelques points réussis, mais globalement ce film n'apporte rien de plus ou de mieux que sa version animée. Au risque de me répéter : autant voir ou revoir l'original animé pour passer un bon moment.