À voir sur : Amazon Prime
Année de sortie : 2021
Durée : 1h53
Genre : Comédie musicale, drame, romance, comédie
Réalisé par : Kay CANNON
Casting : Camilla CABELLO, Nicholas GALITZINE, Idina MENZEL, Pierce BROSNAN, Minnie DRIVER, Tallulah GREIVE, Billy PORTER, Maddie BAILLIO, Charlotte SPENCER, James CORDEN, James ACASTER, Romesh RANGANATHAN, Rob BECKETT, Luke LATCHMAN
Synopsis : Nouvelle adaptation du célèbre conte éponyme. Dans cette version musicale, l'héroïne tente de réaliser son rêve de devenir styliste. Elle fera tout son possible pour y parvenir et trouvera de l'aide en chemin.
Bref : Pas convaincue par cette nouvelle tentative de moderniser un conte qui a bercé l'enfance de plusieurs générations.
Comment renouveler un genre centenaire et, en particulier, un conte aussi emblématique que celui de Cendrillon ? C'est un défi, que dis-je un challenge ? Malheureusement pas relevé ici. Nombreux sont ceux qui se sont frottés à l'un des contes les plus célèbres de la littérature et s'y sont cassés les dents.
Bien qu'il y ait eu d'autres adaptations avant lui, c'est bien le dessin animé Cendrillon, des studios Disney, qui reste la référence, même si sa version a expurgé le conte originel de toutes références dérangeantes. Presque toutes les adaptations qui ont suivi l'ont pris comme modèle, avec plus ou moins de succès.
Certaines adaptations ont pourtant réussi à faire date, comme A tout jamais ou la véritable histoire de Cendrillon (1998 d'Andy TENNANT) ou Cendrillon (2015 de Kenneth BRANAGH). Tandis que tant d'autres ne sont restés qu'à l'état de petits films gentillets, diffusés seulement à la télévision, déclinant le conte et ses codes à la faveur des évolutions sociales.
Ces films placent généralement notre héroïne face à tout un tas de situations fâcheuses dont elle réussit à s'extirper gracieusement à chaque fois. Celle-ci a d'ailleurs connu tous les visages : brune, blonde, afro-américaine, asiatique, grande, petite, etc. Ces aspects du conte sont souvent les seuls qui évoluent, car les scénaristes savent bien qu'ils touchent là à un monument et que le risque de le dénaturer est grand.
Le réalisateur, Kay CANNON, nous propose ici sa version du conte et il a choisi de le faire en version comédie musicale, comme Charles WALTERS l'avait fait en 1955 avec La pantoufle de verre.
Si l'on s'en tient au conte référence, le film en reprend les codes principaux : une jeune femme orpheline, vivant avec sa méchante belle-mère et ses odieuses deux demi-sœurs, dont les seuls amis sont des souris, qui rêve d'un avenir meilleur. Elle rencontre un jeune homme, qui s'avère être un prince. Elle se rend au bal, y danse avec le Prince, les douze coups de minuit retentissent, etc.
Cependant, sur presque tous les codes, le film se décale. Pour résumer : la belle-mère n'est pas si méchante et s'occupe des tâches ménagères ; les sœurs sont plus grotesques que pestes ; la marraine la fée est en réalité un parrain un tantinet perché ; la robe de bal n'a rien d'extraordinaire (alors que Cendrillon veut devenir une styliste, un comble !) ; le Roi a toujours sa Reine ; le Prince à une sœur ; le carrosse n'est plus qu'une calèche ; les prétendantes ressemblent à un groupe de bécasses roulant du cou ; la danse du Prince et de Cendrillon au bal est décousue et peu protocolaire, etc.
On retrouve ce décalage dans la psychologie de certains personnages : derrière un masque de pseudo despote, le Roi est un sentimental maladroit ; le Prince est un gentil rebelle un peu paumé ; la belle-mère est en dépression et les demi-sœurs seulement névrosées. Seules les souris, à qui le réalisateur a donné la parole, sont assez drôle et dans le ton, grâce à un James CORDEN très en forme.
Quant à l'héroïne, elle ne cadre pas non plus. Certes, depuis quelques décennies, les réalisateurs tentent d'insuffler un vent féministe dans le personnage. Cendrillon n'est plus une petite chose fragile, qui a besoin d'aide pour s'en sortir. C'est une jeune femme forte et courageuse, qui prend des initiatives et surtout qui prend son destin en mains sans attendre qu'un homme, fût-il Prince, viennent le faire à sa place.
On retrouve cette tendance ici. Peut-être un peu trop. Elle n'est plus courageuse, elle est arrogante. Elle n'est plus humble, elle est effrontée et exigeante (c'est le parrain fée qui le dit !). A tel point qu'elle ne perd pas sa pantoufle de verre à la fin du bal, mais qu'elle la jette littéralement au visage du valet du Prince. Sacrilège !
Bref, les scénaristes ont fait une réécriture du conte, bien qu'ils en gardent le noyau. Le film s'éloigne tellement de la référence que l'on finit par perdre la magie. Et on la perd encore un peu plus avec le côté musical du film.
Les chansons originales sont sans profondeur, voire un peu nunuches : en somme, pas très travaillées au niveau des paroles, ni au niveau des mélodies. Aucune ne reste dans la tête. N'est pas Disney qui veut.
Le réalisateur devait le savoir, car, pour contrebalancer, il a choisi d'adapter des grands classiques comme Somebody to love de Queen, Material Girl de Madonna, Seven Nation Army de The White Stripes, ou encore Perfect d'Ed SHEERAN, etc. Mais, même ces adaptations ne cassent pas trois pattes à un canard.
Le film est également constellé de chorégraphies, certes, assez bien exécutées. La seule question : pourquoi en avoir mis ? Le côté musical étant déjà un peu limite … Était-ce vraiment nécessaire d'ajouter du ridicule ?
Seule vraie réussite du film : la technique. Les images sont bien cadrées et la lumière fait son office, surtout dans les scènes de nuit. Les effets spéciaux sont bien réalisés et bien intégrés dans l'action.
Au final : Circulez, il n'y a rien à voir. Rien de vraiment remarquable dans ce film, si ce n'est son décalage par rapport au conte dont il se revendique. À trop vouloir le moderniser, on perd le sel du conte, c’est-à-dire le rêve et la magie. Si vous voulez voir une magnifique adaptation du conte de Cendrillon, je vous recommande la version de Kenneth BRANAGH !