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  • Photo du rédacteurÉmilie REDONDO

AU REVOIR LA-HAUT

Dernière mise à jour : 15 oct. 2021

Année de sortie : 2017

Durée : 1h57

Genre : Drame, comédie

Réalisé par : Albert DUPONTEL

Casting : Nahuel PEREZ BISCAYART, Albert DUPONTEL, Laurent LAFITTE, Émilie DEQUENNE, Niels ARESTRUP, Mélanie THIERRY, Héloïse BALSTER


Synopsis : Survivants de la guerre des tranchés de la 1ère guerre mondiale, deux amis décident de profiter de l'engouement pour les monuments aux morts pour monter une arnaque. L'un se chargera de l'argent et l'autre, virtuose du dessin, se chargera du produit. Ensemble, ils se lancent dans cette aventure périlleuse au milieu de l'effervescence de la France d'après-guerre.


Bref : Le meilleur film d'Albert DUPONTEL ! Une magnifique adaptation aux accents aussi extravagants que bouleversants.


Albert DUPONTEL a fait un formidable travail d'adaptation du roman éponyme de Pierre LEMAITRE (Lauréat du Prix Goncourt 2013), qui a d'ailleurs participé à l'écriture du scénario. Ce film est tout à fait à la hauteur et il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il ait reçu pas moins de 5 récompenses aux Césars 2018 : meilleure réalisation, photographie, costumes, décors et adaptation.


L'histoire est particulièrement émouvante, mais aussi très drôle. Elle raconte, non seulement, comment deux poilus ont survécu au bain de sang des tranchées, mais aussi leur retour à la vie civile et son cortège d'épreuves : comment retrouver un travail, de quoi vivre, de quoi se soigner, la nécessité de faire preuve de débrouillardise et de résilience. En somme, retrouver une vie tout en conservant sa dignité.


Le scénario montre combien la camaraderie était le socle de ses combattants, une solidarité nécessaire et vitale pour s'en sortir face aux profiteurs de guerre et face à un système et à une administration qui ne faisait pas grand cas de cette chaire à canon, à quelques exceptions près.


La trame du scénario se présente sous la forme du récit que fait l'un des deux héros, de son histoire depuis la fin des combats jusqu'à son départ de Paris. On suit donc ses péripéties, au fil de ses explications, entrecoupées de scènes le montrant racontant son histoire dans un poste de gendarmerie au Maroc et répondant aux questions des gendarmes.

C'est grâce à cette technique que le spectateur est happé par le témoignage du personnage, qui le fait passer du rire aux larmes tout au long du film.

On suit avec ferveur les aventures de ces deux compères et de leur jeune comparse : on craint pour leurs vies, on s'amuse de leur créativité, on pleure sur leurs blessures, on encourage leurs plans.


Le film est très bien réalisé techniquement. Chaque scène est construite pour que l'image reflète l'action ou s'attarde sur l'émotion. Quel que soit le plan choisi, il colle à la scène. Le début de l'histoire se passe sur le champ de bataille et la technique utilisée pour le filmer est très représentative du reste du film.

La scène commence par un plan panoramique pris en hauteur. Comme fixée à un drone, la caméra reste en mode panoramique, mais le mouvement s'initie lorsqu'un chien entre dans le champ. La caméra va alors suivre le parcours du chien au travers les cratères et les fils barbelés. Le cadrage va se resserrer à mesure que le chien avance et arrive dans la tranchée : la caméra se positionne alors derrière lui et à sa hauteur. La coupure du plan séquence est d'ailleurs très habile puisque le réalisateur utilise un figurant pour le faire. La scène se poursuit en plan un peu plus serré, cette fois en traveling avant de finir par un zoom sur les mains du lieutenant Pradelle (Laurent LAFITTE), qui récupère le message dans la sacoche du chien. Cet exemple illustre parfaitement toute la qualité de la technique dont s'est servi Albert DUPONTEL pour réaliser son film.


Un autre aspect technique, extrêmement important dans ce film, c'est la lumière. L'acteur/réalisateur en a une grande maîtrise. On se rend très vite compte que la lumière est un élément charnière du film non seulement pour les images, mais également dans leurs symboliques. Deux exemples frappants : la scène où le lieutenant Pradelle sort progressivement de l'obscurité, comme le prédateur le ferait avant de bondir sur sa proie, et celle où Édouard Péricourt (Nahuel PEREZ BISCAYART) présente ses masques à la jeune Louise (Héloïse BALSTER), dans laquelle le jeu d'ombre et de lumière est superbement ingénieux.


Ce qui m'amène aux costumes, qui sont en réalité un personnage à part entière du film. Les costumes s'adaptent à l'évolution des personnages : on commence par les uniformes des poilus et des gradés pour la partie du film qui traite de la fin de la guerre, on passe ensuite aux vêtements civils de l'année 1919, que ce soit dans le milieu ouvrier ou dans le milieu aisé, et on termine par les costumes d'hommes du monde lorsque les héros touchent l'argent de leur arnaque.


Le plus remarquable dans le film ce sont les masques que se confectionne le jeune Édouard Péricourt pour cacher son visage mutilé. Remarquablement créés par Cécile KRETSCHMAR, les masques deviennent le moyen d'expression du héros : il en change en fonction de son humeur ou de son activité. Lors de sa présentation à Louise, Édouard va en présenter quelques-uns de différentes formes : la lune, une goutte de pluie, un urinoir, un moulin et d'autres encore. Outre ces magnifiques masques, le héros en utilise certains plus que d'autres : le masque blanc avec la moustache amovible qui sourit ou qui est mécontente ou encore le masque du vieil homme lorsqu'il dessine ou lorsqu'il peint.


Plus que les masques, c'est surtout le regard de l'acteur qui est mis et qui les met en valeur. Nahuel PEREZ BISCAYART possède un regard pénétrant, d'un bleu profond, par lequel passent toutes ses émotions. Il n'a pas vraiment de dialogue, car son personnage est mutilé sur le bas du visage et que sa trachée a été touchée. Sa prestation est néanmoins impressionnante, car il utilise une voix très rauque et ce qu'il dit est presque incompréhensible. Qu'importe, car son jeu émouvant, empreint d'innocence, et l'expression de son regard suffisent.

Albert DUPONTEL s'offre également un rôle à sa mesure, tout en complexité et pas si idiot que son personnage se plaît à le prétendre.


Le reste du casting assume aussi parfaitement sa part : Niels ARESTRUP est glaçant en père autoritaire, on a très envie de boxer Laurent LAFITTE tant sa prestation de Lieutenant / assassin / arriviste / profiteur est réussie, Émilie DEQUENNE et Mélanie THIERRY sont justes dans leurs rôles de femmes / objets, bien que largement reléguées au second plan.

Mention très spéciale pour la jeune Héloïse BALSTER qui crève littéralement l'écran. Véritable gavroche au féminin, elle incarne la candeur et la fraîcheur mêlées d'une certaine poigne malicieuse. Elle complète parfaitement le trio avec les deux héros et son alchimie avec eux se ressent à l'écran pendant tout le film.


Au final : le meilleur film d'Albert DUPONTEL, qui nous offre une adaptation ultra réussie de cette histoire bouleversante et qui a, malgré tout, su garder sa légèreté. Le scénario, également extrêmement bien ficelé, réserve en plus quelque savoureuses surprises. Un très grand film !

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