À voir sur : Viva, Canal VOD
Année de sortie : 2020
Durée : 1h41
Genre : Drame
Réalisé par : Maryam TOUZANI
Casting : Lubna AZABAL, Nisrin ERRADI, DOUAE BELKHAOUDA, Aziz HATTAB, Hasnaa TAMTAOUI
Synopsis : Abla tient une pâtisserie dans la médina de Casablanca. Elle élève seule sa fille de 8 ans depuis la mort de son mari. Un jour, elle rencontre Samia, jeune femme enceinte à la dérive. Aucune d'elles ne peut imaginer à quel point cette rencontre va influencer leurs destins respectifs.
Bref : Un beau film intimiste qui nous raconte le croisement des destins de deux femmes qui vont influencer leurs visions respectives du monde. Un film solaire, qui se déguste sur fond de pâtisseries orientales.
Casablanca. Un petit tour dans la médina, où le spectateur pourrait littéralement suivre l'odeur alléchante des pâtisseries orientales et rencontrer Abla, la pâtissière. Le scénario du film est assez simple : une rencontre entre deux femmes, deux vies que rien ne prédestinait à se rencontrer, mais qui vont s'en trouver bouleversées.
Abla, la veuve et mère d'une petite fille, s'en sort dans la vie en tenant une pâtisserie, très connue dans la médina. Un jour, elle repère une jeune femme enceinte, à l'air perdu, qui erre dans les ruelles à la recherche d'un emploi. Réticente d'abord, Abla va lui proposer de l'héberger quelques jours le temps qu'elle se retourne.
Le scénario repose principalement sur l'articulation de la psychologie des deux personnages principaux. Tout d'abord, celle d'Abla : cette femme résiliente, qui s'est renfermée après la mort de son mari et qui ne laisse personne pénétrer son espace. Ensuite, celle de Samia, cette jeune femme mystérieuse, enceinte jusqu'aux yeux, qu'elle porte comme un fardeau, dont on ne sait rien et qui ne dit rien.
Une relation maternelle, mais surtout féminine, va s'installer entre elles. Sans qu'elles le veuillent, ni qu'elles s'en rendent compte, elles vont influer l'une sur l'autre. Abla va tenter de réconcilier Samia avec sa maternité. Samia, elle, va essayer de rappeler à Abla qu'elle est une femme avant tout, avant sa fille, avant son travail, et qu'elle a le droit de vivre et d'être heureuse.
Ce film va d'ailleurs plus en profondeur que ce "simple" rapport. Il intègre dans son histoire, qui va au-delà d'un certain féminisme, une vraie réflexion sur la condition des femmes en tant qu'êtres humains et en tant que membre de la société. En sous texte, il se penche sur la contrainte sociale, le regard des autres, les devoirs et les droits de chacun, mais aussi sur ceux que l'on s'impose à soi.
Dans le cas de ces deux femmes, elles sont tout autant victimes de leur condition sociale que de celle qu'elles s'infligent à elles-mêmes. La jeune Warda, la fille d'Abla, grâce à son innocence et sa lucidité enfantine, va également participer à mettre les deux femmes devant leurs situations et leur ouvrir les yeux.
La réalisatrice a opté pour une technique simple : des plans fixes bien cadrés, des mouvements de caméra fluides et sans chichi. Les plans serrés sont judicieusement utilisés pour marquer les émotions et permettre aux spectateurs d'observer le cheminement intérieur des personnages.
Le décor est celui d'un huis-clos : la maison et la pâtisserie attenante d'Abla. Pour autant il n'y a aucun sentiment d'étouffement à l'image, et ce, grâce à une lumière extraordinaire. Bien que le film soit tourné presque intégralement en intérieur, la lumière, d'une douceur toute orientale, éclaire l'histoire comme un jour de grand soleil.
La bande originale est minimaliste : ce sont les bruits de la maison et de la médina qui créent l'ambiance intimiste du film. On se régale enfin, sur fond de musique orientale, en voyant les deux femmes réaliser des pâtisseries typiques, ce qui finit par donner une faim de loup.
Au final : Un très beau film lumineux et intimiste, sur les destins croisés de deux femmes, qui nous rappelle que l'espoir et la confiance sont très puissants.